La bataille de la Malmaison
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Aux Armées le 7 Oct Nov Cher Parents J’ai reçu aujourd’hui la |
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ennuyeux pour le poilu qui loge à la grange. Le vent siffle par tous les trous ou l’eau ne coule pas et rend inconfortable certains coins de notre domaine. De plus, avec ces temps sombres il y fait noir comme dans un four et il n’y a pas moyen de faire grand- chose. Alors on cause (la conversation devient vite visqueuse ( ?) et dégoutante), on fume (quand le « perlot » ne manque pas. Il est devenu inconnu au pays et en 2 jours j’ai eu beaucoup de mal pour fumer une malheureuse cigarette). On commence à être ravitaillé |
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sur ce point par les soins de l’administration. Mais j’ai cassé ma pipe là-haut et impossible de dénicher un calumet. Glissez-en une dans un de vos colis. Il sera reçu avec plaisir. Prenez le ni trop grand ni trop court. Papa vous conseillera. Je reviens à mon sujet. On fume, on cause. Mais la conversation a peu d’attraits. Ils sont 2 ou 3 Parisiens qui sont toujours à grogner après tout le monde et se croient bien malins et bien supérieurs. Somme toutes ils ne sont forts qu’en gueule. Vous me demandez que je |
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vous raconte un peu notre attaque. Eh bien, Voilà – J’ai rejoint le bataillon à pied depuis la Ferté-Milon à Aras Ste Rest ???, ou il était cantonné. Le lendemain Jeudi, nous sommes partis en camions pour Braisnes à 15 km de là, et de la nous nous sommes rendus à pied avec un barda du diable, dans une boue fantastique grandes carrières souterraines ou nous avons vécu 3 jours. Un beau soir à la nuit nous les avons quittés pour monter en ligne. Le boulot commençait.
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Pour plus de facilité je vais vous diviser mon séjour en ligne en 3 parties. I – La Relève Vers 9heures du soir, nous
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Tout ce matériel pesait qualques kilos, comme vous pouvez vous en douter. Nous partimes en colonne par un, tout le bataillon à la file indienne et le défilé commença dans les chemins creux tout d’abord et presque impraticable où la boue nous montait déjà jusqu’au-dessus des chevilles au milieu de l’obscurité la plus complète. Seulement dans le lointain, le ciel se zébrait de sinistres lueurs rougeâtres qui s’ avivaient( ?) de temps à autre. Nous marchions dans le plus grand silence, déchiré de temps à autre par de |
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violents coups de canon tirés tout près de nous par des batteries masquées. Et au loin le canon boche répondait. Mais dans le rang, pas un mot. On n’entendait que de temps à autre le cliquetis d’une baïonnette ou le bruit mat et sourd d’une chute dans la boue gluante. Longtemps on marche ainsi puis à un moment donné des sections se séparent et sous la conduite d’un agent de liaison, chaque section s’enfile dans un boyau différent. La marche devint alors plus pénible encore. La boue redoubla les musettes s’accrochant |
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aux parois des boyaux les fusils se prenant dans les fils téléphoniques qui courent au-dessus des boyaux. On se croisa avec d’autres sections qui revenaient. On s’égara, on pataugea pendant 2 heures. Enfin, après avoir ainsi trotté de part et d’autre, on arriva à la tranchée assignée. Inutile de vous dire que J’en resterai là |
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cette première période de la Relève qui m’a beaucoup impressionné ou plutôt ému par sa note lugubre et triste. Dans ma prochaine lettre si cela vous intéresse je vous parlerai de la vie en ligne, ce qui sera ma 2ème partie.
Je vous embrasse tous
P. Collot P.S. : Si vous voulez découpez comme |