Aux armés
25 novembre 17h.
Chers parents
Comme vous le voyez, je mets aujourd’hui le format minimum à l’ordre du jour, faute d’autre papelard sous la main. Du reste pas grand-chose à vous raconter. « Ça roule » comme nous disons et on ne s’en fait pas.
Parlons d’abord du temps. Il fait glacial ici et les courants d’air de la Gare ne sont pas précisément faits pour nous réchauffer. Il tombe de la neige fondue, vente, encore ce soir jusque presque 24 heures et cela ne m’enchante pas beaucoup.
Nous allons sans doute bientôt partir d’ici, jeudi ou vendredi. Le bataillon serait déjà parti du patelin où nous étions cantonnés, direction Montbéliard. Nous avons la fourragère, on attend pour la remettre. Si c’était vrai seulement !
Je veux espérer que ma permission ne tardera pas trop une fois que nous aurons rejoint. Malgré ma philosophie je commence à me fatiguer de toujours l’espérer sans jamais l’avoir ni la voir. On ne nous envoie que très régulièrement vos lettres.