Le 3 août 18
Chers Parents
Crise de papier ! Crise d’enveloppes ! Crises de crayon ! J’ai perdu tout avec une musette dans la bagarre de la relève, et me voila obligé d’emprunter tantôt à l’un, tantôt à l’autre, jusqu’à notre départ du secteur. Je crois que ce ne sera pas encore tout de suite, et pourtant, je le souhaiterais, nous sommes dans la mélasse et il pleut à larges et abondantes ondées. Il est presqu’impossible de roupiller : la nuit on travaille, le jour impossible de se caser un peu à l’abri. Le ravitaillement n’est pas fameux non plus, et nous tirons la langue et nous serrons la ceinture. En conséquence, seriez-vous assez aimable de m’envoyer quelques boites de conserve et de papier à lettre. Cela sera suffisant.
Ma graisse de permissionnaire sur laquelle je vis depuis huit jours est tout à fait épuisée et il est temps que je remonte et le coffre est le moral ! C’est deux choses qui sont en effet inséparable.
A part tout cela, cela va bien : la lettre d’Elise reçue hier a été très appréciée. Il me tardait d’avoir de vos nouvelles.
Il parait, nous dit-on aujourd’hui, que Fismes est repris. Tant mieux, pourvu que cela continue.
J’espère que Bar est toujours tranquille et tous bien portant.
Je vous embrasse tous bien affectueusement et de tout cœur.
P.Collot